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M'he alegrat molt en saber que ha publicat un llibre sobre la seva experiència com a il·lustrador, on intenta mostrar la seva tasca divulgativa a les escoles. Penso que la millor manera d'explicar la feina d'un autor és fer-ho amb la simplicitat de qui ho ha d’explicar a un infant posant-se a la mateixa alçada. I en Yann Fastier ho fa com un peix dins l’aigua del seu Aquarium personal.
Hi ha una imatge del llibre on m'hi he sentit reflectida. Parlant del llarg camí a seguir desde la idea fins a la publicació, fa una llista de les derrotes viscudes posant en escena les punyents trobades amb editors: com es veu en el dibuix, uns et diuen que no, els altres que el teu projecte fa pudor.
Si sentir-se reconegut en les desgràcies dels altres no les soluciona, com a mínim et fa sentir més acompanyat. El seu esperit rehivindicatiu engresca a continuar buscant editors intrèpids, ja que el que falla no és el projecte sinó trobar un editor disposat a arriscar-s’hi.
M’agrada molt també com Yann Fastier explica el treball que hi ha darrera la construcció de qualsevol relat. Per ell la història està per sobre de l’estil o la tècnica, i és el fruit d’un minuciós treball per trobar la manera més escaient d’arribar a concloure la narració. Com que el final de la història ens ha de sorprendre i captivar si volem que el camí per on ens ha dut l’autor hagi valgut la pena, Yann Fastier l’exemplifica amb la petita fulla dalt de tot d’una immensa capçada d’un arbre. Les branques són frondoses i tortuoses, com ho són les diferents i múltiples maneres d’explicar un mateix relat.
Personalment em sap greu quan un infant perd la llibertat de dibuixar sense imposicions perquè un adult li diu que no sap dibuixar, o que un gos no és de color blau. Picasso deia que va trigar quatre mesos a dibuixar com Rafaello però li costà tota una vida dibuixar com un nen. Vet aquí perquè m’encanta quan Yann Fastier diu que ell és un frau d’il·lustrador perquè no sap dibuixar. Prefereix definir-se com un metteur en images; així té la llibertat de triar la tècnica o l’estil que millor permetrà fer venir ganes al lector de girar la pàgina.
Trobo genial quan un dels nens li pregunta com es pot fer un àlbum il·lustrat si no se sap dibuixar. Expert en l’art de la maièutica, Yann Fastier respon amb una altra pregunta: què vol dir dibuixar? Sabeu fer un punt? Sabeu fer una ratlla? Tots responen que sí. Llavors, conclou l’il·lustrador, ja sabeu dibuixar. O és que no és una història de punts Petit bleu, petit jaune de Leo Lionni? Amb aquest principi tan senzill per treure’s la por a una perfecció imposada des d’una mirada adulta, penso en la poc encertada moda actual de pintar mandales. Suposo que deu anar bé per la canalla hiperactiva i els ajuda a concentrar-se, però impossibilita als infants imaginatius el poder fomentar un món interior ric i personal què poder expressar. La consigna en l’acompliment de la mandala acostuma a ser “no sortir-se de la ratlla”, quan els millors dibuixos de tots els temps s’han fet “sortint-se de la ratlla” o, en paraules de Yann Fastier, fent senzillament una ratlla que expliqui una història.
Un cop passada la meitat del llibre, Yann Fastier arriba al punt culminant per definir el seu objecte d’estudi: l’àlbum il·lustrat. Fent un resum de tot el que ha explicat, la canalla pot respondre a la seva pregunta de què és un àlbum il·lustrat formulada al principi: un llibre que explica una història amb imatges. Tan senzill com això, i tan difícil alhora.
Em quedo amb la seva definició d'àlbum il·lustrat; “alliberat del dibuix, l’àlbum il·lustrat esdevé una forma original i específica on tot està al servei de la història i no d’un patronímic sobre la tapa” (revista Hors Cadre[s] n. 5, octubre 2009, p.27)
Peut être que certains d'entre-vous ne connaisse pas l'auteur et illustrateur Yann Fastier, un français qui a beaucoup réfléchi sur son travail avec la fine ironie de celui qui sait jouer avec la complicité du lecteur d'images et de mots.
Publié majoritairement aux éditions del’Atelier du poisson soluble, il écrit régulièrement dans la revue Hors Cadre[s], dans des articles ou il se plait à se contredire lui même, tel un imposteur qui cherche à déséquilibrer son lecteur. C'est un dessinateur glissant comme une anguille qui n'invente jamais deux livres identiques, ni par le style, ni par la technique, ni par le format. Et son nom sur la couverture est la seule chose qui garanti qu'il s'agisse de la même personne.
Je me suis réjouie d'apprendre qu'il avait publié "Encore des questions ? l'album de l'album" un livre sur son expérience d'illustrateur dans lequel il s'appuie sur ses nombreuses interventions auprès des scolaires.
Je pense que les explications les plus convaincantes du travail d'un auteur adviennent quand il tente de l'expliquer aux enfants en se mettant à leur portée, et ici Yann Fastier est à l'aise comme un poisson dans l'eau de son Aquarium personnel.
Je m'y suis vue quand il parle du long chemin à suivre depuis l'idée originale jusqu'à la publication du livre. Il liste les échecs et petites déroutes en mettant en scène les éprouvants rendez-vous avec les éditeurs qui, certains disent que "non" et d'autres que "ce projet ne sent pas bon".
Et même si cela ne résout rien, se sentir reconnue dans les petites déroutes des autres me font sentir moins seule. Son esprit vindicatif encourage à débusquer des éditeurs intrépides, par ce que le problème ne réside pas dans le projet mais dans le fait de trouver un éditeur disposé à prendre le risque de le suivre.
J'aime la façon dont Fastier explique le patient travail de construction qu'il y a derrière le récit. Pour lui l'histoire passe avant le style ou la technique, elle est le fruit d'un minutieux travail pour ciseler la narration. Et le chemin que nous a fait prendre l'auteur n'a eu d'autre but que de rendre la chute de l'histoire tout à la fois surprenante et captivante. Par example, Yann Fastier pose délicatement une petite feuille au sommet d'un arbre, qui vient couronner le massif feuillage. L'arbre est soutenu par un lacis de multiples branches tortueuses aussi complexes que les différentes manières de conduire un récit.
C'est fort dommage que, parfois les enfants perdent leur liberté de dessin quand un adulte leur dit que c'est "mal dessiné". Picasso disait qu'il lui fallu quatre mois pour dessiner comme Rafael, mais toute une vie pour dessiner comme en enfant. Et c'est pourquoi Fastier m'émerveille quand il se définit comme un illustrateur fraudeur qui ne sait pas dessiner. Il préfère se définir comme un metteur en images qui a la liberté de choisir la technique et le style qui lui permettra d'ouvrir l'appétit du lecteur et lui donner envie de tourner la page.
Et je rit, quand ingénument un enfant lui demande alors, comment il peut faire un album sans savoir dessiner. Expert en maïeutique Fastier lui réponds par une autre question ; Qu'est-ce veut dire "savoir dessiner" ? Vous savez faire un point, tracer une ligne ? Tous répondent oui, alors, conclu l'illustrateur, vous savez dessiner ! D'ailleurs, n'est ce pas une simple histoire de points qui anime le génial "Petit bleu, petit jaune" de Léo Lionni ?
C'est avec cette pointe de bon sens qui désactive la peur de mal faire (du point de vue des adultes) que je veux alerter sur la mode dommageable de colorier des Mandalas sous prétexte d'éducation artistique dans les écoles. Peut être qu'ils aident les enfants hyperactifs à se concentrer en tirant la langue sur une tache répétitive, mais je suis sure que cela favorise pas l'imaginaire des petits à construire leur monde intérieur riche d'un imaginaire personnel. La pauvre consigne de "ne pas dépasser" le tracé normatif, alors que de tout temps, les meilleurs dessins se sont fait dans le dépassement, le hors ligne, le hors jeux du geste… ou comme le dit si bien Yann Fastier, faire un trait qui raconte une histoire.
Passé la première moitié du livre, Fastier touche au but au moment de définir l'album illustré. Sous forme de conclusion et en résumé des nombreux échanges avec les enfants des écoles, un album illustré est un livre qui raconte une histoire en images. C'est aussi simple, et aussi compliqué que ça…